La Méditation
Écrire, ou parler de la méditation est chose relativement aisée. Mais, méditer c’est s’engager à pratiquer...
Jacques Gudin
Psychanalyste Jungien, spécialiste des religions, diplômé en Viniyoga
Sommaire :
La méditation au sens général
Dans son sens courant, le terme méditation tire son origine du Latin : meditatio, qui désigne une pratique mentale qui consiste en une attention soutenue, portée sur un objet de pensée, une réflexion, afin d’en extraire par décantation le sens profond (Méditer un principe philosophique par exemple).
Cette discipline de réflexion concentrative est de type analytique. Elle met en mouvement les facultés du raisonnement, et de l’imagination, et peut déboucher sur une prise de conscience intuitive de l’objet de la recherche méditative.
La méditation en contexte religieux
On peut distinguer les méditations avec support ; et les méditations sans support.
Les méditations avec support, sont les plus nombreuses. Le support pourra être une pensée philosophique, un verset spirituel, une image pieuse, une icone, une divinité, rentrer dans un processus de visualisation (comme dans le bouddhisme tantrique Tibétain), cela peut être plus simplement une posture de yoga, la respiration, un mantra, une bougie...
L’esprit est amené à se fixer sur le point de référence (le support) pour rentrer progressivement dans un processus d’absorption méditative unifiante. Ces pratiques méditatives, sont plutôt à caractère religieux, mais pour d’autres raisons, elles sont très prisées par le développement personnel, qui y voit un moyen pour développer les capacités mentales...
La méditation sans support ou la Contemplation
La contemplation, consiste au contraire à se détacher de toutes les contraintes mentales propres à l’analyse, la réflexion, la volonté de contrôle, et à laisser l’esprit reposer en lui-même. Elle est appelée aussi "non-méditation" parce que tout effort mental, est aboli, au profit de la conscience qui peut se vivre en elle-même.
Tout lâcher, en laissant passer tout ce qui vient sans différencier ce qui passe dans l’esprit. Laisser l’esprit se vider de ses contenus (considérés comme ni bons ni mauvais) pour laisser émerger la pure vacuité, ou le "Dieu", suivant que nous sommes dans un contexte religieux monothéistes, ou dans une spiritualité non Théiste, comme le Bouddhisme.
Après avoir différencié ces différents modes (méditations et contemplation), on remarquera que la méditation avec objet, est avant tout un ensemble de techniques. On peut méditer pour s’apaiser, se recueillir, s’intérioriser, voir dans un souci de guérison, en visualisant un organe malade par exemple. Mais la contemplation ou la (non-méditation) vise à ouvrir le champ à l’émergence du DIEU inscrit dans le cœur de l’Homme.C’est une méditation silencieuse, voir notre article sur le silence.
La méditation en contexte laïque
La méditation en contexte laïque, comme la Pleine Conscience, ou la méditation Vipassana, s’intéressera uniquement sur les bienfaits que peut produire la pratique en elle-même.
Un entrainement de l’esprit
Elle est proposée comme système de recentrage, sur ce qui apparait à l’instant, sans faire référence à la Transcendance. Ce qui est recherché est avant tout un retour au bien-être avec pour finalité la capacité à le vivre à travers les portes des cinq sens.
La rentrée dans le processus méditatif est toujours le même. Attention à l’instant présent, être conscient de ses pensées, lorsqu’elles apparaissent, pour les laisser passer sans s’identifier... Il peut s’agir de recentrer son attention sur le corps, dans une perception non jugeante (non dualiste) pour n’être juste que le témoin conscient qui éprouve ce qui est en train de se manifester.
La porte d’entrée peut aussi être la musique, une mélodie sacrée, un rythme ou l’on s’oublie, pour laisser vivre, et se développer la vibration, jusqu’à ce qu’il n’y ai plus qu’elle.
Contrairement à la méditation en contexte religieux, ou l’accent est mis sur la reliance à la transcendance...
En contexte laïc, l’absolu n’est pas l’objet, ou le sujet de la recherche. C’est à partir du moi, que la méditation se développe, sans jamais le remettre en cause. Il y a bien des moments, ou le moi à disparu, et c’est ce qui fait, que les bienfaits peuvent fleurir, mais, comme l’accent n’est pas mis sur la dimension impersonnelle de l’être : Dieu / le Soi. Le moi, reprend à son compte l’expérience, pour se l’approprier, ou la méditation reste par conséquent le but et le moyen d’un épanouissement de la conscience.
Mais, il serait de très mauvaise foi, de négliger les apports et les bienfaits qu’apporte la méditation en contexte laïc, et notamment en milieu hospitalier ou, ses apports peuvent être considérés comme un réajustement dans le présent d’une psyché qui est souvent à la dérive.
Alors, quelle différence ?
Tout en ressemblant beaucoup à la méditation Zen, la pleine conscience ne fait pas référence à "la nature de bouddha". Dans le Zen, L’essence de l’être est l’objet de la contemplation, et il s’agit d’arrêter de méditer pour la laisser apparaitre et s’épanouir.
Dans le "Dzogchen" tibétain, l’accent est encore plus important. Seule vit la nature de bouddha, et il s’agit donc de la reconnaître pour s’éveiller.
Tous les maîtres de l’Inde, ne pratiquent que parce que L’Upanishad proclame : "tu es cela" sous-entendu "Tu es Dieu"... En cela ce n’est plus un individu qui pratique mais le Soi qui cherche à se reconnaître lui-même.
